Remboursement des mutuelles : pourquoi ça baisse ?

Les remboursements continuent de baisser alors que les mutuelles coûtent de plus en plus cher. Voilà pourquoi.

Lorsqu’on cotise 100 € par mois à une assurance santé complémentaire individuelle, moins de 64€ seulement repartent vers la poche des assurés sous forme de remboursement de frais. Où passe le reste ? Pourquoi ce reversement baisse-t-il d’année en année ?
Lorsqu’on cotise 100 € par mois à une assurance santé complémentaire individuelle, moins de 64€ seulement repartent vers la poche des assurés sous forme de remboursement de frais. Où passe le reste ? Pourquoi ce reversement baisse-t-il d’année en année ?

C’est un sujet tellement important qu’il est suivi avec attention par tous les gouvernements depuis des années : quelle est la proportion des cotisations "santé" des Français qui leur revient sous forme de prestation ? La DREES, le service statistique du ministère de la santé répond régulièrement à cette question à travers ses rapports et ses statistiques. Et autant le dire tout de suite, ce n’est pas brillant…

En référence, on trouve le taux de reversement de la Sécurité Sociale, qui fait figure de bon élève avec ses 4 % de frais de gestion seulement.

A côté de cela, les mutuelles et autres organismes de complémentaire santé avec en moyenne 27 % de frais pour les contrats individuels et auxquels il faut ajouter 14 % à 20 % de taxes, paraissent déraisonnables.

A tel point que lors des dernières présidentielles, des candidats, à droite comme à gauche, ont proposé de réfléchir à la fusion pure et simple de la Sécurité sociale et des mutuelles ! Bon, ça, on n’y est pas encore…

Il faut dire que les deux chiffres sont loin d’être comparables.

Petite plongée dans le « millefeuille » des frais et taxes de votre contrat d’assurance santé…

Mutuelles santé : le millefeuille des taxes et des frais
Appétissant, mais tellement indigeste pour votre portefeuille !

Première différence notable entre les cotisations sécu et vos cotisations de mutuelle : les taxes. Et oui, s’il n’y a pas de TVA sur les mutuelles, il y a tout de même une taxe discrète qui augmente régulièrement et surtout très fortement. Son petit nom : la TSA, comme Taxe de solidarité additionnelle. Elle a connu une belle prospérité depuis sa création, puisqu’elle est passé en moins de 15 ans de 1,75 % à 14,07 % pour son taux « réduit » et même 20,27 % pour son taux « normal ». Une progression de plus de 800 % !

En clair, si vous payez 150 € de cotisation de mutuelle par mois, vous avez au minimum 21,11 € que vous ne retrouverez pas dans vos remboursements de frais. Et ça, c’est seulement le début.

Poursuivons le millefeuille à partir de la cotisation hors taxe désormais (celle que touche réellement l’assureur). Les organismes complémentaires ont globalement trois types de frais : les frais administratifs, les frais de gestion des contrats et les frais « de distribution » ou « d’acquisition », en clair : les frais commerciaux et de publicité.

Les frais administratifs englobent les salaires, l’immobilier, l’informatique, bref, toute la structure des frais des compagnies, Mutuelles, Prévoyances ou Assurances privées. Viennent s'y ajouter les frais de gestion des contrats. Quand une dépense de santé est envoyée à votre mutuelle, une personne vérifie vos droits, votre contrat, éventuellement le devis… Bref, il y a du travail et l’informatique ne fait pas tout. Selon certains, chaque ligne de traitement d’un acte quel qu’en soit le montant leur couterait 0,50 € à peu près (source profession). Du côté de la Sécu, c’est un peu plus simple, puisqu’elle ne gère qu’un seul grand contrat pour tous les français (avec tout de même quelques variantes de couverture, par exemple pour les personnes en affection de longue durée).

Là où la différence se creuse entre sécu et mutuelles, ce sont les frais commerciaux et publicitaires de distribution. Avez-vous déjà vu un voilier de 70 pieds, doté des meilleurs équipements et des dernières technologies partir pour un tour du monde avec écrit sur sa grande voile « Sécurité Sociale » ou alors un stade de football nommé « Aréna Assurance-Maladie » ? Non, et pour une bonne raison : le Sécu étant obligatoire pour quasiment tous, pas besoin de faire de la publicité et pas besoin non plus de payer des commerciaux pour vous relancer au téléphone !

En revanche, du côté des complémentaires santé, les frais commerciaux enflent malheureusement depuis des années, car la bataille fait rage entre les différents acteurs, surtout depuis que les adhérents constatent le décrochage entre les montants de leurs cotisations et les remboursements qu’ils touchent. C’est un cercle vicieux que nous vous expliquons dans le détail ici. Du coup, les assurés sont de plus en plus nombreux à changer régulièrement de contrats à la recherche de meilleurs prix.

Et cette tendance va s’accélérer. En effet, depuis le 1er décembre 2020, il est devenu possible de résilier son contrat de complémentaire santé (mutuelle ou compagnie d’assurance) à tout moment, sans frais et sans motif après la première année de souscription… Il y a fort à parier que beaucoup d’entre vous ont cherché ou chercheront à en profiter…

Evidemment, à tous ces frais, il faut ajouter les bénéfices des assureurs et les réserves des Mutuelles. D’autant que l’assurance individuelle est souvent là pour éponger les pertes causées par l’assurance collective, globalement moins rentable pour les compagnies (source : Les Echos et DREES).

Au final, tout cumulé, c’est entre 36 % et 43 % des primes TTC payées qui partent en taxes, frais de gestion, pub et bénéfice de l’assureur. Et selon les actuaires, l’augmentation des prix va se poursuivre assez fortement pendant encore plusieurs années…

 

 

Une addition trop lourde

Bien sûr, il n’y a pas de volonté délibérée et coordonnée de la part des assureurs et de l’Etat. Ce sont simplement des décisions, des règles, des évolutions prises le plus souvent avec les meilleures intentions du monde, qui, au final viennent s’accumuler pour constituer un désormais fameux « millefeuille français ». Un seul problème : celui qui paye au final, commence à trouver l’addition très indigeste.

 

 

Sources de cet article :

- DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) – Ministère de la Santé :

- Les Echos : « Santé-prévoyance : où sont les marges de manœuvre »

- Challenges : « La vérité sur les dérapages des frais de gestion des complémentaires santé »

Publié par Camille en Janvier 2022
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Changer de mutuelle santé : dénoncer votre contrat c'est facile

#Budget #Actu #Résilliation

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