Covid : si vous êtes touché, qui paye vos soins ?

L’épidémie de Covid-19 est un événement d’une ampleur extraordinaire. Pour y faire face, le corps médical tout entier s’est organisé. En première ligne, les soignants, l’hôpital… Cela, les Français l’ont bien compris, eux qui les remercient en les applaudissant chaque jour à 20h. Mais soyons concret, si vous êtes touché, qui va payer pour vos soins ?

Commençons par le début : vous ressentez des premiers symptômes, ils ne sont pas graves, vous prenez du paracétamol et vous attendez. A ce stade, ce médicament, c’est vous qui le payez de votre poche : vous n’êtes pas allé voir le médecin, vous n’avez donc pas d’ordonnance donc le médicament n’est pas remboursé par la sécu ou la complémentaire santé. Jusque-là, ça va, car il n’est pas très cher, quelques euros seulement (par exemple doliprane 500 mg 16 comprimés : 2,18 €).

Votre état se complique, la fièvre augmente et d’autres symptômes se déclenchent, mais pas de problème respiratoire et pas de complication. Vous appelez votre médecin. Une téléconsultation a lieu et vous recevez une ordonnance par mail. Là, qui va payer ? D’habitude, pour une consultation auprès d’un médecin conventionné secteur 1, sur les 25 € d’honoraires, 16,5 € sont pris en charge par la sécu et 7,5 € par la mutuelle. Bonne nouvelle : ce sera la sécu à 100 % pour les téléconsultations pendant toute la durée du confinement, c’est une décision du gouvernement. Peut-être que cette mesure sera prorogée au-delà du 11 mai, à suivre donc sur ce point.

Pour les médicaments prescrits par votre médecin, pas de changement par rapport à d’habitude : le taux de remboursement de la sécu dépend de l’efficacité thérapeutique mais en général ce sera 65 % (moins les 50 centimes de franchise par boite de médicament), et le reste sera totalement ou partiellement pris en charge par votre mutuelle suivant votre contrat. Poursuivons notre exemple du doliprane : 0,92 € pris en charge par la sécu et 0,76 € pris en charge par la mutuelle.

Ensuite, prenons l’hypothèse que votre cas s’aggrave, par exemple avec des difficultés respiratoires. Sur les conseils de votre médecin, vous appelez le 15 et le régulateur décide de vous hospitaliser.

A l’hôpital, le taux de prise en charge des soins liés au Coronavirus est le même que d’habitude : la sécu prend 80 % des frais et votre mutuelle vous rembourse tout ou partie du reste, suivant votre contrat. Cependant, tous les actes supérieurs à 124 € seront pris à 100 % par la sécu. De même, au-delà de 30 jours, la prise en charge de la sécu passera aussi à 100 %. Il restera seulement le forfait hospitalier à 20 € / jour remboursé par quasiment toutes les mutuelles et éventuellement les frais de confort (chambre seule, télévision…).  

Enfin, les tests de dépistage sont un sujet particulier. Pour ceux pratiqués dans les laboratoires de ville, le coût est de 54 €, pris en charge à 60 % par la Sécurité Sociale. Le solde peut être remboursé totalement ou partiellement par votre complémentaire santé.

Les tests pratiqués par les laboratoires hospitaliers coûtent 135 euros. Ils sont pris en charge à 100 % par la Sécu s’ils entrent dans le cadre d’une hospitalisation. Mais ils ne sont pas du tout remboursés s’il n’y a pas hospitalisation, c’est un principe de la Sécurité Sociale. Le principe a ses exceptions : les tests pratiqués à Marseille par le désormais célèbre Institut Hospitalier Universitaire du professeur Raoult sont gratuits. Dans tous les cas si vous souhaitez faire appel à un laboratoire hospitalier, hors hospitalisation, mieux vaut se renseigner à l’avance.

Par ailleurs on ne sait pas encore comment seront traités les futurs tests de la large campagne de dépistage qu’entend mettre en place le gouvernement, mais il est probable qu’ils feront l’objet d’un traitement particulier par la sécu et ils pourraient bien eux aussi être gratuits, ou d’un coût symbolique.

Il faut être également prudent sur le traitement des séjours hospitaliers : la presse s’est faite l’écho de factures de plusieurs milliers d’euros reçues par des malades, essentiellement pour le paiement de plusieurs semaines de forfait hospitalier. On voit là l’utilité de contrats « hospitalisation, maladies graves » de bon niveau, qui sont trop rarement vendus seuls.

Enfin la polémique enfle autour des pertes que pourraient dégager les assureurs sur cette période. Il est un peu tôt pour en juger, mais même si cette épidémie leur coûte cher, la chute de fréquentation des cabinets médicaux et le report de nombreux soins hospitaliers devraient au moins en partie compenser le coût du Covid-19. Mais nous n’aurons de certitudes sur ces points que dans un an avec la publication des comptes 2020.

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